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Les missels les plus luxueux étaient destinés à être offerts pour la première communion ou pour un mariage, et ce du milieu du XIXe jusqu'au milieu du XXe siècle. La période la plus faste semble être la fin du XIXe (années 1880-1890) et les premières années du XXe siècle. Dans bien des cas, ces missels nous sont parvenus intacts, ce qui peut s'expliquer de deux façons : ou bien le propriétaire disposait d'un autre missel pour un usage courant ; ou bien, après la première communion, il s'est détaché de toute pratique régulière. Tous les éditeurs ont proposé des missels de communion. Cependant on peut noter que, par exemple, les éditions Brépols ne nous ont laissé que peu de témoignages de ce genre, alors que les missels de communion " Mame " sont légion.
Les cuirs employés pour ces missels sont toujours de belle facture. Ce sont généralement des maroquins: la peau est épaisse et résistante; le grain est gros et en relief. Le traitement du cuir lui donne un aspect brillant qu'il conserve même s'il est peu entretenu. D'autres missels, plus rares, sont reliés avec un décor de nacre ou d'ivoire sculpté.
Les métaux précieux ou non sont abondamment employés pour décorer les exemplaires. Les tranches sont toujours dorées, et parfois ciselées. Il peut y avoir des fermoirs en acier ou en argent. Lorsque (comme c'est souvent le cas) il s'agit d'un cadeau, les initiales sont dorées sur le cuir ou à l'intérieur du volume (dans ce cas, il arrive que l'on précise la date de la communion). Ces initiales peuvent même être gravées dans une plaque d'argent ou d'acier, à la façon d'un monogramme, qui est ensuite fixé sur la couverture des missels.
Bien plus petits, les missels "Bijou" tendent à devenir vraiment minuscules. Il s'agit d'une catégorie spécifique destinée principalement aux femmes. Ils tiennent souvent dans le creux de la main.
Ces missels ont été diffusés en grandes séries au cours du XXe siècle, parfois à raison d'une réédition par année; malgré cette production de masse, les exemplaires sont souvent de bonne qualité. Vous en avez probablement au moins un dans votre bibliothèque ou dans votre grenier!
Les Missels du Mont César
La bibliothèque possède une dizaine d'exemplaires de ces missels, intitulés "Missel Quotidien commenté, vespéral et rituel". Ils furent édités à partir de 1947 par Brépols. |
Les missels de Godin et les Missels Communautaires de Michonneau
Ce missel a été publié pour la première fois, en 1937, par l'abbé Henri Godin (1906-1944), pour le monde du travail. Réédité en 1941, il le fut à nouveau en 1942. Le plus ancien exemplaire de la BDN est ce missel de 1942 intitulé " Avec le Christ, avec l'Eglise, nous disons la messe ". Godin était convaincu que la France se déchristianisait, et avec son missel il voulait reprendre les choses en main, en replaçant la messe au cur de la vie des chrétiens. En 1943 il rédigea avec Yvan Daniel " la France pays de mission ? ", reprenant ainsi une idée déjà formulée par le journal La Croix en 1913, qui évoquait "ce pays de mission qu'est devenue la France contemporaine". Après la mort de Godin en 1944, l'abbé MICHONNEAU, avec "l'équipe sacerdotale de Colombes", reprit ce missel et le transforma pour en faire le " Missel Communautaire "; nous avons environ un mètre linéaire des différentes éditions de ce dernier.
Edité par Tardy dès 1949, le " Missel des Dimanches et des Fêtes " dit "Missel Rural" est destiné aux habitants des campagnes. Leur reliure est souvent toilée. Grâce à la qualité de ses traductions, il fut adopté partout, même en milieu urbain. Il connut un prolongement avec le " Missel biblique ", également publié par Tardy à partir de 1953
Le " Missel Quotidien des Fidèles " est l'oeuvre du père José FEDER (1917-1989), jésuite originaire de Nancy, aidé de jésuites et de prêtres lillois. Cet ouvrage date de 1953. Ce missel est réputé pour son contenu moderne, ce qui le destinait à une clientèle très différente de celle des Dom Lefebvre. Ainsi, la traduction se veut moderne, comme l'indique l'introduction: "Elle a donné lieu à un travail de recherche, et même parfois à des options inhabituelles." "Fidèle au sens, ce missel veut aussi l'être à la forme littéraire (...). Dans la mesure du possible, il a gardé aux expressions leur couleur, parfois même leur violence." |
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Il fut souvent réédité dans les années 1950 et 1960, relié avec un simple cartonnage imitant le cuir, parfois avec une belle couverture cuir. Son aspect général est plus moderne que les Dom Lefebvre édités à la même époque. La bibliothèque possède plus de deux mètres de " Feder ". |
Ils ont pour auteur Pierre. JOUNEL et sont édités par Desclée. Le " Missel du dimanche " parut pour la première fois en 1971. Comme pour les "Missels de l'assemblée", le " Missel de la semaine " ne fut publié que dans un second temps, en 1973. Ces deux missels furent ensuite souvent réédités.
Leur aspect est généralement assez médiocre, mais il existe quelques beaux exemplaires reliés cuir. Nous en avons près de deux mètres linéaires.
Dans un tout autre registre, de nombreux missels ont été rédigés à l'intention des enfants, et ce dès le XIXe siècle. A cette époque, ils étaient généralement très petits, ce qui rappelle les missels " bijou ". Souvent ils culpabilisaient l'enfant en insistant sur les notions de péché mortel, d'enfer
Au XXe siècle la plupart des éditeurs de missels de série proposent aussi des missels pour enfants. Ainsi, de célèbres auteurs tels que Dom Lefebvre, Dom Gérard ou le père Feder en ont rédigé.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, le missel pour enfants perd l'aspect de petit livre relié qu'il avait jusqu'alors, pour ressembler davantage à une simple brochure peu épaisse, illustrée. Plusieurs éditeurs proposent dans les années 1960 des " missel des vacances ". Le discours évolue ; on cherche moins à faire peur, on souhaite donner envie de participer à la messe.
Les éditeurs de la seconde moitié du XIXe siècle, comme Depelley par exemple, ont aussi proposé des missels pour personnes âgées, écrits en gros caractères.
Pour tout travail sur les missels, on peut commencer par consulter l'ouvrage de Michel Albaric, intitulé " Histoire du missel français " , Brepols, 1986
(disponible à la Bibliothèque diocésaine, Salle Tisserant : 264.31 8561)